Le « OUI » de JOSEPH


Réflexions de Philippe de La Mettrie
Président de «  Priants des campagnes »

 

(Évangile selon St Matthieu , 1 ; 18-25)

L’homme que je suis cherche plus volontiers dans les évangiles l’exemple des hommes qui ont dit « oui » au Christ, sans pour autant négliger la foi extraordinaire des saintes femmes qui ont suivi Jésus. 

C’est pourquoi cet évangile sur Saint Joseph résonne en moi. Il m’inspire des réflexions propres non seulement à faire grandir en moi la dévotion envers saint Joseph, mais aussi, et plus intimement, à m’interroger moi-même, sur le « oui » que je dis, ou que je ne dis pas, à Dieu chaque jour de ma vie.  Car, c’est à chaque instant, chaque jour, que Dieu m’appelle et attend mon « oui ».

Joseph nous offre, dans ce seul récit, un merveilleux témoignage de foi,  Il n’est que justice d’exalter cette adhésion totale à la volonté de Dieu et de lui rendre hommage, lui l’oublié, le délaissé du nouveau testament.

L’évangéliste n’évoque pas le sentiment éprouvé par Joseph quand il eut connaissance de l’état de Marie : est-ce une confiance absolue en elle ? ou une grande déception ? sinon un doute douloureux, blessé par ce qu’il apprend de la conduite, supposée, de celle qu’il épouse ?

Alors qu’il eût pu le faire dans le contexte de la société juive de l’époque, « Joseph, son mari, qui était un homme juste … ne voulait pas la dénoncer publiquement, résolut de la répudier sans bruit» (1)

Evitant ainsi de livrer la réputation de Marie au jugement de la réprobation publique, il choisit de ne pas la répudier en public, ce qui est déjà un acte de charité.  C’est-à-dire qu’il renonce à juger, à la condamner, et à la faire condamner par la société de son temps.  Il manifeste ainsi le respect dû à la personne de Marie.  En même temps, il refuse l’application littérale et systématique de la loi juive à cette époque, la loi de l’ancienne alliance, celle de Moïse – décrite dans le Deutéronome.  Il me semble que Joseph a déjà dit OUI à la nouvelle alliance du Christ, non encore annoncée.

Mais Dieu lui demande plus. Dieu va lui demander plus qu’un acte de charité. II lui demande par l’intermédiaire de l’ange qui lui apparait en songe un engagement plus radical, celui dans lequel la foi et l’obéissance sont indissociables.

Notons qu’il n’est pas relaté un dialogue entre l’ange et Joseph, comme nous le voyons dans l’annonciation à Marie. Joseph est, en quelque sorte, privé de droit de réponse. La grandeur de sa réponse à Dieu n’en est que plus éloquente.

« Une fois réveillé, Joseph fit comme l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui sa femme ». Cette phrase lapidaire de l’évangéliste donne  une force particulière à la décision de Joseph: Ici, point d’hésitation, c’est le OUI total. Pas de « OUI mais », pas de « OUI peut-être », pas de « OUI demain » ; pas de : « je vais réfléchir ».

Ce OUI, donné chaque jour, est sans doute le premier pas à franchir pour quiconque veut avancer sur le chemin étroit de la sainteté.

Dieu a voulu associer Joseph à ce mystère de l’incarnation de son Fils en lui confiant cette charge de père nourricier. Certes, il fallait à Jésus une famille, un père et une mère, une « sainte famille ». Mais après le OUI de Marie, il fallait non seulement un « père » mais aussi et surtout un homme qui adhère au dessein de Dieu en prononçant, lui aussi, un OUI radical. Pour qu’advienne son règne, Dieu ne peut se passer de la coopération de l’homme et de la femme. Or, qui d’autre que le couple formé par l’union d’un homme et d’une femme, indissociables dans la création (« Homme et Femme, Il les créa ») symbolise le mieux                             l’Humanité ? En la personne de Marie et de Joseph, même s’ils sont choisis au sein du « Peuple élu », c’est à chacun de nous mais aussi à l’Humanité entière que Dieu lance son appel à le suivre.                                    Jésus, dans son enseignement, élargira à « toutes les nations », donc à l’humanité entière, cet appel à écouter sa parole et à la mettre en pratique.

Proposant ces réflexions à un prêtre ami, à la retraite, celui-ci me fit la remarque suivante : « Vous oubliez, dans votre commentaire, la liberté que Dieu laisse aux hommes et aux femmes de le suivre ou de ne pas le suivre, et il a laissé Joseph libre de son choix. »

Je me penchai alors à nouveau sur cet évangile de Saint Matthieu pour y déceler cette liberté laissée à Joseph, qui m’avait sans doute échappée. Je lus alors plus attentivement les mots prononcés par l’ange :   « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ta femme ; car ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint …….. »

En effet, Dieu, qui parle à travers l’ange, ne donne pas un ordre impératif à Joseph. C’est plutôt une invitation, une exhortation à ne pas craindre, et Il lui en donne aussi les raisons : «  ….car ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint …. »  Dieu connait les pensées de Joseph, son trouble, son doute, mais aussi sa connaissance de la prescription souvent reprise dans le Deutéronome : «Tu feras disparaître le mal du milieu de toi ».  Dieu ne lui impose pas un choix ; Il lui accorde pleine liberté de croire ou de ne pas croire en les paroles de l’ ange, donc de poser ou de ne pas poser un acte de foi.

Cette formulation de l’ange nous éclaire d’ailleurs sur la motivation première de Joseph de répudier Marie,  certes en secret, mais de la répudier quand même: la peur, la peur de prendre en conscience une décision à contre -courant  des convictions bibliques de son peuple, sans doute préférant se conformer à la loi juive en vigueur, même atténuée par la confidentialité du renvoi qu’il avait envisagé.

Mais tout change après le songe : Sa foi lui donne la force d’agir en vérité, à contre-courant des codes formels et rigides de l’ancienne alliance, où la lettre prend le pas sur l’esprit.

Ne suis-je pas moi- même, ne sommes-nous pas timides, voire timorés ou lâches, pour ne pas oser penser, parler, et agir, 2000 ans après Joseph, à contre-courant des idéologies déicides de notre société, dans nos choix de vie pour suivre le Christ ?

 

Philippe de La Mettrie,

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Une réflexion sur “Le « OUI » de JOSEPH

  1. Merci Jean Michel pour ce très beau texte sur St Joseph qui éclaire son OUI. J’ai commencé justement, hier, avec Hozanna une neuvaine à Joseph qui doit aboutir à la marche de St Joseph à Paris le 17 mars.
    Cette neuvaine est pour moi importante car j’intercède auprès de St Joseph pour le travail de deux de nos enfants et pour un de nos petits fils qui est en difficulté en ce moment. Tu vois cela tombe très bien et encore merci. Nadine

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